samedi 5 juin 2010

Séminaire international sur le thème de la perspective actionnelle en Indonésie

L'UPI a organisé le 5 juin un séminaire international sur le thème de la perspective actionnelle dans l'enseignement du FLE en Indonésie.


Les collègues m'ont proposé d'y intervenir lors de la séance plénière, et de parler de mon expérience. Ca m'a semblé être une bonne occasion de partager à propos de ce thème que je connais bien (la perspective actionnelle, qui a été le thème de mon mémoire de M1), mais aussi une occasion de partager ce moment fort pour le département de français de l'UPI avec mes collègues.

Les séminaires en Indonésie sont un vrai business. Qu'on ne s'y trompe pas, on est assez loin des séminaires et autres colloques que l'on connaît en Europe. Malheureusement, la démarche est loin d'être désintéressée et uniquement motivée par l'amour de la discipline et la volonté d'approfondir ses connaissances et le champ de la recherche... En effet, en Indonésie, le statut des fonctionnaires de l'éducation fonctionne par points, et, si j'ai bien compris, plus le nombre de points est élevé, plus le salaire est revu à la hausse. Ainsi, assister à un séminaire rapporte un certain nombre de point, et encore plus s'il s'agit d'un séminaire international.

De plus, pour une université, prendre en charge l'organisation d'un séminaire est une question d'image avant toute chose : à l'UPI, je crois ne pas me tromper en disant que le challenge était surtout de se mettre en avant vis à vis de l'Ambassade de France, mais aussi de se démarquer des autres universités (les universités en Indonésie sont privées, et nombreuses, il y à donc une grande concurrence, bien qu'à Bandung, cela ne se joue qu'entre deux universités en ce qui concerne le français).

En connaissant ces aspects, un séminaire international de didactique perd beaucoup de son "aura scientifique" à mes yeux... Surtout que comme j'avais pu le constater à Semarang, de nombreux visiteurs y assistent dans l'unique but d'obtenir la sacro-sainte attestation, qui est le sésame pour obtenir ces fameux points... Bref, je suis surement un peu trop naïve, mais je ne peux pas m'empêcher d'en être attristée et j'ai ainsi participé à ce séminaire sans réel espoir de pouvoir vraiment apporter quelque chose aux participants.

Pas question pour autant de faire une intervention creuse et sans intérêt; j'ai beaucoup travaillé sur mon intervention, et ai choisi de proposer un retour sur les notions fondamentales de ce que recouvre le terme de "perspective actionnelle", et de définir et d'illustrer la notion de "tâche". En effet, reprendre les notions dans leur ensemble me semblait plus que légitime, la perspective actionnelle étant le fruit des travaux du Conseil de l'Europe, c'est une notion essentiellement Européenne qui est encore très méconnue en Indonésie... Bien qu'elle soit omni-présente dans les Centres Culturels français et les universités via les manuels utilisés!

Bien consciente que ce qui fait sens pour un public de profs Indonésien c'est l'exemple et le concret bien plus que la théorie, j'ai profité de la présence d'Emilie, collègue de master 1 venue me rejoindre en Indonésie, pour que nous mettions en commun nos expériences de projets et d'activités par tâches vécues en classe au fil de nos missions dans différents pays.



Pour toutes les raisons que j'ai exprimées plus haut, il est difficile d'évaluer l'impact réel des informations apportées lors de ce type de séminaire... Ce que j'ai pu observer, c'est que ce séminaire a surtout apporter beaucoup aux étudiants y assistant, et aux étudiants de post-maîtrise ayant animés des ateliers. Cela constitue en effet une très bonne expérience et un challenge extrêmement motivant pour la plupart d'entre eux. Quelques uns de mes étudiants de S2 ont animés des ateliers et m'ont réellement impressionnés par la qualité de leur travail et de leurs réflexions. Quant aux étudiants de S1, impliqués dans l'organisation du séminaire, cela leur a permis de se retrouver autour d'un projet commun (ce serait d'ailleurs une super idée de projet actionnel à mettre en place en classe de français...!) et de prendre une part active à l'évènement malgré un niveau de langue moindre ne leur permettant pas de comprendre tout à fait les interventions.

Quelques enseignants et les étudiants du comité d'organisation du séminaire...

Photo de classe ;) de l'équipe enseignante de l'UPI...


jeudi 3 juin 2010

Politique et langue française... Un cocktail parfait pour une simulation détonnante en classe!

Afin de finir l'année universitaire de manière un peu originale, j'ai entrepris l'organisation d'une simulation (...ou "faire semblant accepté volontairement", devrais-je dire, d'après le CECR! :)) avec mes classes de 6ème semestre (3ème année, niveau A2 vers B1...Mais disons plutôt A2). Le thème: les élections municipales.

Contextualisation toute simple : vous vous présentez aux prochaines élections municipales de Bandung.

Consigne : vous créez un programme électoral sur plusieurs thèmes (santé, environnement, justice, économie, culture, etc.), vous concevez des outils de communication (affiche électorale) et présentez votre programme en public afin de le convaincre de voter pour vous.


Je ne m'attendais pas à ce que ça prenne très facilement, d'autant plus qu'en séance de préparation, mes questions de type "vous connaissez la politique de votre pays?", je n'avait que pour seule réponses des piaffements de rire amusés comme si je leur avais demandé s'ils croyaient aux extraterrestres.

Mais pourtant, après quelques efforts pour les pousser à approfondir le sujet (j'y tenais, à cette simulation), les étudiants se sont montrés très créatifs et très moitivés par les tâches demandées. Au delà des mes espérances, à vrai dire. Ils ont proposés des idées pertinentes (quelques unes étaient largement saugrenues bien sûr, comme cette proposition de supprimer toutes les chaînes de restauration rapide de type Mc Do par des restaurants exclusivement Soundanais... Et après on dit que les français sont chauvins...:)), sur des thèmes complexes à traiter vu leur niveau de langue (économie, lutte contre la pauvreté, l'environnement et son champ lexical spécifique, etc.).

3 séances ont été consacrées à la préparation de la simulation. La première séance était une séance de familiarisation avec le thème de la politique, le champ lexical associé et quelques notions culturelles liées à la politique française et Indonésienne. Les deux séances suivantes ont consisté en la préparation et la rédaction des programmes, travail réalisé par groupes de 5 (le candidat + les adjoints).

Quant à la simulation, elle a été organisée dans l'un des auditorium de l'UPI, avec les deux groupes réunis (environ 50 élèves). C'était un très bon moment, les étudiants se sont pris au jeu et ont pratiquement tous ajouté leur petite touche personnelle à leur argumentaire. Petit bémol cependant, j'ai vraiment manqué de temps sur cette séance, il m'aurait fallu consacrer 2 séances complètes à la simulation. S'en souvenir pour plus tard, car c'est une activité que je reproduirai dans d'autres classes dès que je le pourrais!





Moi, je vote pour eux tous!

Nouvelle formation de formateurs au CCF sur l'utilisation de la vidéo en classe

Lors de la dernière formation que j'ai effectuée au CCF, j'avais eu l'occasion d'interroger un peu les profs sur les thèmes qu'ils aimeraient aborder lors de futurs formations. J'ai pu alors constater que ce qui revenait le plus souvent, c'était le désir de se former sur la création d'activités "hors manuel", plus précisément à partir de vidéos ou de documents audio. J'ai trouvé ça intéressant, surtout que ça témoigne d'une réelle volonté de s'autoformer et de développer un savoir faire pratique transférable en classe. Ce souhait de maîtriser les outils audio et vidéo correspond également au profil des profs du CCF, qui pour la plupart sont de jeunes professeurs issus de la génération "nouvelles technologies", et qui sont donc tout à fait disposés à multiplier les supports en classe.

Comme lors de la dernière formation, j'ai préparé mon travail en amont en m'appuyant sur le puits inépuisable de Connaissances et de Savoir en la matière qu'est mon cerveau. Non, je plaisante, en fait je me suis basée essentiellement sur Internet, notamment sur le dossier Franc-Parler (encore lui! Je vais finir par me faire tatouer le logo) dédié à l'enseignement avec le cinéma en classe, puis sur l'article de Jean-Michel Ducrot sur l'utilisation de la vidéo en classe de FLE.

J'ai tenté de dompter mes démons intérieurs et ne pas trop m'étendre sur la théorie, comme j'en ai la vilaine habitude*. Aussi, pour ne pas perdre de vue la visée pratique de la formation, j'ai proposé aux stagiaires - après avoir consacré tout de même du temps à l'explication des objectifs et des apports qu'apporte la vidéo en classe - de passer en revue les types de supports que l'on pouvait utiliser, et de leur indiquer où les trouver, et comment les manipuler.

Au CCF, il suffit de regarder autour de soi pour trouver des supports: la DVDthèque du Centre est très bien fournie, et la salle des profs regorge de DVD en tous genres...courts métrages, clips musicaux, animations, etc. La plupart étant des DVD édités par le département de politique linguistique du Ministère des affaires étrangères, destinés aux apprenants étrangers de français. Sans parler d'Internet, où l'on peut trouver de tout sur les sites spécialisés (TV5 notamment) et sur des chaînes vidéos comme youtube ou dailymotion.

J'ai donc ramené tout ce que j'ai trouvé en salle de formation (oui enfin à l'exception des quelques 200 DVD de la médiathèque, par soucis logistique...), car c'est parfois les outils que l'on a sous les yeux au quotidien que l'on connait et que l'on utilise le moins.

Nous avons ensuite regardé ensemble une séquence que j'avais préparée autour d'une scène du film "Tanguy", et nous avons parcouru les pistes pédagogiques possibles à exploiter. Après cette réflexion en commun, j'ai divisé la classe en groupes et ai attribué à chacun des groupes une séquence différente du film, et leur ai fait créer une activité autour de celle-ci.

Les activités que m'ont proposées les profs m'ont toutes semblé pertinentes, on sentait une bonne maîtrise des objectifs à atteindre et des niveaux. J'ai juste relevé des cafouillages dans l'expression des consignes, qui bizarrement sont toujours énoncées de manière bien plus compliquées que ce qu'elles sont en réalité!

Histoire de ne pas laisser les stagiaires les mains vides, et dans l'éventualité où ils souhaiteraient se replonger dans la thématique de la formation, j'avais constitué un dossier de formation contenant les points théoriques et des informations pratiques. En plus de ce dossier, j'avais gravé à chaque stagiaire un CDrom contenant des supports audio et vidéo accompagnés de fiches pédagogiques que j'avais alors crée quand je travaillais au Laos.

Je suis gentille quand même :)





* Je reste tout de même persuadée qu'une bonne pratique passe par un solide apport théorique, et bien que j'ai tendance à m'étendre un peu trop dessus, ça me semble une étape essentielle dans une formation... Le mot "théorie" pour moi n'est décidément pas un gros mot!

samedi 10 avril 2010

La vie suit son cours dans le petit monde du français en Indonésie..!

La phase "francophonie" étant passée et des petites vacances bien méritées ayant été prises (à Bali "encore", eh oui que voulez-vous, habitant à 1h30 en avion du Paradis, autant en profiter!), il est temps de faire une petite mise à jour sur mes activités entourant le français à Bandung.

J'ai presque envie de dire que c'est la routine, mais ce serait tout de même un peu abusé de parler de routine quand on a la chance de travailler en Indonésie. Disons que le deuxième semestre suit son cours, à un rythme soutenu tout de même, car nous sommes en ce moment déjà en période d'examens de mi-semestre. C'est à dire qu'à ce jour, il ne reste plus qu'environ 2 mois de cours, et j'ai vraiment la sensation que le temps passe à une vitesse vertigineuse.

J'en suis à cette période de mon séjour ou je ne pense plus en terme de temps passé, mais de temps qui reste, et l'angoisse du départ à venir commence à s'installer. Malgré tout je n'oublie pas de profiter un maximum de ce temps... Ce que j'ai eu l'occasion de faire lors de la petite fête de clôture de la "semaine française" organisée par les étudiants du département de français, pour laquelle j'ai donné un petit cours de familiarisation à la langue improvisé. J'ai pu voir lors de cet évènement l'enthousiasme des étudiants, malgré quelques petits couacs dans l'organisation, dont un qui n'est pas des moindres : l'oubli de me prévenir d'un tel évènement et de ne m'en faire part que 2 jours avant!!!! Dommage car j'aurais aimé faire bien plus que ce petit cours improvié, mais bon, disons qu'ils étaient très préoccupés, on les excuse..!

Bref, j'ai assisté à la petite fête de clôture et Julie, qui m'accompagnait, a fait de jolies photos représentant assez bien l'ambiance qui règne parmi les collègues et les étudiants à l'UPI!


Loupi!
UPI ; Univesitas Pendidikan Indonesia (Université de pédagogie d'Indonésie)

Avec Popi, une de mes étudiants du sixième semestre, et une étudiante très active du département de français!

Avec Jaluw, l'étudiant derrière le roman photo "à l'école de musique" dont j'ai parlé dans le dernier billet (et qui a d'ailleurs remporté le deuxième prix!)

Dante, l'un de mes collègues professeur de français, qui nous a interprété une chanson d'amour en français! Madame iim n'a pas résisté, elle est venue lui déposer une fleur... Ils ont le sens du kitsch en Indo, c'est ce qui fait tout le charme !


Remise des prix des meilleurs étudiants du département de français!

Yuyun, Dita et Tya. Y'en a une qui à l'air moins angoissée que les autres!!

C'est assez surréaliste de participer à des évènements étudiants en Indonésie, car en temps que "Bule" (=blanc), on est constamment sollicités pour des séances de photos avec de parfaits inconnus. L'important est de jouer le jeu et de garder le sourire!

Last but not least : avec mes deux collègues Diny et iim, mes "manmans "d'adoption en quelque sorte! Elles me soutiennent beaucoup dans le travail et sont d'une excellente compagnie !

jeudi 18 mars 2010

Fin mars, un mot d'ordre : FRANCOPHONIE!

La fin mars est, pour tous les acteurs du FLE, une période particulièrement riche en évènements ; c’est la semaine de la francophonie, lors de laquelle les institutions d’enseignement du français langue étrangère du monde entier organisent divers évènements afin de promouvoir la langue française.

En plus de la semaine de la francophonie, le Ministère de la Culture et de la Communication propose quant à lui un autre type d’évènement, « la semaine de la langue française », qui consiste à mettre en avant chaque année 10 mots de la langue française, via des concours de poésie, des pièces de théâtre, des ateliers d’écriture créative, etc.

Ces deux évènements permettent d’une part de promouvoir la francophonie auprès d’un plus large public, mais aussi de mettre en place des projets de travail sortant de l’ordinaire avec les étudiants des écoles et des départements de français.

Pour ma part, c’est un incontournable ! Et en ce qui nous concerne ici, à Bandung, nous avons en ce moment de beaux projets en route.

Tout d’abord, le « concours de la francophonie » organisé par le SCAC de l’Ambassade de France en Indonésie. Ce concours, proposé à tous les départements de français des Universités Indonésiennes, propose aux étudiants le souhaitant de créer un projet décrivant d’une manière originale leur ville et/ ou quartier, sur le modèle de « cités du monde » de TV5. 10 étudiants sont ensuite sélectionnés pour la finale qui aura lieu le mercredi 24 mars à Jakarta.

A l’UPI, j’ai fait la promotion du concours auprès de mes élèves en organisant des réunions de travail régulières : explication des consignes, état des lieux de l’avancement des projets, questions/réponses, récolte des projets, etc. Exercice pas toujours évident, car les consignes me semblaient parfois un peu opaques et assez difficile à comprendre pour des étudiants de niveaux débutant. J’ai récolté 8 projets, ce qui m’a semblé peu vu l’enjeu (le gagnant du concours gagne un voyage d’un mois en France, ce dont 99,9% de mes étudiants rêvent)…A ce jour je ne comprends toujours pas ce petit « flop », mais d’un autre côté j’étais tout de même assez contente car il m’a tout de même fallu faire une sélection parmi ces 8 projets pour n’en retenir que 5 pour l’Ambassade. Nous avons appris la semaine dernière que mon étudiante de sixième semestre Gabriela avait été sélectionnée, nous partons donc mardi prochain direction Jakarta pour l’épreuve orale qui déterminera les 3 gagnants du voyage.

Concernant le concours "dis moi dix mots" pour la semaine de la langue française, c'est cette fois avec le CCF de Bandung que nous avons mis en place un concours. L'équipe de direction et l'équipe pédagogique s'est réunie, réunion à laquelle Julie (la stagiaire MAE de la fac de lettres) et moi-même avons été conviés. Les expériences des années précédentes ont montré que les concours ne semblaient pas beaucoup mobiliser le public du CCF. Problème de communication, manque de relai dans les classes, manque de motivation... Difficile de savoir vraiment ce qu'il en est. Toujours est-il que cette année, nous étions bien décidés à faire mieux, en communiquant davantage et en proposant un concours motivant. Lors de la réunion, je me suis souvenue d'une fiche de Franc-Parler que j'avais lue à propos de la création de romans photos en classe, et cela m'a semblé être une bonne idée pour le concours : créer un roman photo dont l'histoire inclura les 10 mots retenus cette année par le Ministère. Banco! L'idée a été retenue.

Julie et moi avons, chacune de notre côté, fait la promotion du concours dans nos classes afin de pousser un maximum d'étudiants à participer. Julie en a d'ailleurs profité pour utiliser le sujet du concours comme devoir noté pour l'examen de mi-semestre (où "comment forcer le libre choix des étudiants à participer à un concours" hihi il faut bien parfois être un peu plus malin si on veut obtenir ce qu'on veut!!!), et j'ai, pour ma part, décidé de travailler le roman photo en classe dans une logique de projet actionnel.

Pour cela, je me suis aidée de la fiche pratique de "Franc-Parler" , fiche dont je me suis inspirée pour le déroulement et que j'ai adapté à mes étudiants. J'ai travaillé sur ce projet avec mes étudiants de 6ème semestre (3ème année) sur 4 séances, en les prenant exceptionnellement en grand groupe (environ 45/50 étudiants, je les ai habituellement en demi-groupe une semaine sur deux). La première séance a été une séance de familiarisation avec le roman photo (historique, concept, construction, scénarios, vocabulaire spécifique, présentation d'exemples, etc.) et d'explicitation de l'originalité du concours, autrement dit l'explicitation des 10 mots: mentor, escagasser, remue-méninges, variante, mobile, crescendo, galère, cheval de Troie, zapper et baladeur! Autrement, pas une mince affaire! J'ai ensuite travaillé le synopsis lors de la deuxième séance, et ai fait établir à mes étudiants un premier jet de l'histoire de leur roman photo. J'ai alors constitué des groupes de 5, me permettant au final de récolter 10 romans photos. Nous avons ensuite crée les scénarios lors de la troisième séance et finalisé les projets.




Afin de respecter l'esprit du concours, je n'ai pas immédiatement effectué de correction sur le contenu linguistique, mais uniquement orienté les étudiants dans la construction de leurs scénarios et dans la conception des romans-photos. J'ai, au final, récolté 10 romans-photos surprenants, qui pour la plupart m'ont assez impressionnés par la créativité dont ils ont fait preuve malgré les maladresses grammaticales! Malheureusement, la consigne impliquant les 10 mots de la LF à inclure dans les romans photos n'a pas toujours été respectée, cela a semblé être trop difficile pour nombre de mes étudiants.

Bref au final un groupe de mes étudiants a été pré-sélectionné, avec un roman photo très amusant que je vous présente ici!








mercredi 3 mars 2010

Java I love you !

Le week-end dernier a été l'occasion d'une escapade à Pangandaran, petite ville balnéaire située dans le sud de Java, à environ 5, 6 heures de route de Bandung.


A Bandung & Jakarta, Pangandaran est une station balnéaire très populaire auprès des Indonésiens. Loin du tourisme effréné et des resorts hystériquement luxueux de Bali, c'est une petite ville de bord de mer sans prétention mais tout à fait charmante. Les indonésiens de Java y vont pour le week-end ou pour les vacances, en famille le plus souvent.

Ces 6 heures de route qui séparent Bandung de Pangandaran sont loin d'être ennuyeuses; on y croise les plus beaux paysages de Java (oui enfin, c'est ce que je dis moi, c'est pas comme si j'avais parcouru la totalité de l'île!), notamment les fameuses rizières en terrasse, d'une couleur verte quasi fluorescente inimitable, en cette saison des pluies.



Cette route magnifique est la route qui passe par Garut, une petite ville que l'on avait déjà visité il y à quelques mois. Cette fois, nous l'avons repris mais nous nous sommes arrêtés dans un village appelé "Kampung Naga", connu pour être un village abritant une communauté vivant traditionnellement à la manière de leurs ancêtres.





Petite visite bien agréable sous un soleil de plomb! A ce moment, vers 11h, 11h30, il doit déjà faire entre 30 et 35 degrés.

Nous reprenons la route vers Pangandaran, et y arrivons en début d'après midi. Je loge là bas dans un "losmen" (logement qui tient d'un sympathique mélange entre chambre chez l'habitant et auberge de jeunesse) tenu par une française vivant là bas depuis plus de 20 ans. La mer est toute proche, très jolie, malgré une plage pas toujours très propre. En effet, les rivières et cours d'eau en Indonésie sont pour la plupart de vraies poubelles à ciel ouvert, et la mer, au gré des courants, en récupère une grande partie... Dommage! Mais ça n'enlève rien au charme de la plage.



Attention cependant; la mer à Pangandaran peut s'avérer dangereuse, et l'on y dénombre de nombreuses noyades chaque année. Les vagues sont puissantes et une grande vigilance est nécessaire. De plus, Pangandaran a subit un terrible Tsunami en 2006, qui avait fait alors plusieurs centaines de victimes. On y retrouve encore des traces (maisons abandonnées, de nombreux panneaux d'évacuation d'urgence, etc.), que l'on comprend mieux quand on voit l'ampleur des dégâts sur des photos prises à l'époque.

Il n'y a pas que la plage et les cocotiers à Pangandaran! On peut aussi y visiter le "green canyon", le parc national et ses nombreuses grottes, et profiter des bateaux de pêcheurs pour se balader sur l'eau transparente... Sans compter les nombreux autres points d'intérêts que nous n'avons pas eu le temps de visiter.


Pangandaran est avant tout un village de pêcheur.

Balade en bateau sur l'eau clair...Magnifique!

Les cahuttes sur pilotis pour la pêche à la crevette.

L'une des quelques grottes que l'on peut visiter dans le parc national. Nous avons même vus dans l'une d'elle une flopée de porcs-épics! Trop fort ces bestiaux :)

Et enfin, pour compléter le rêve, une petite photo du magnifique coucher de soleil auquel nous avons eu droit le samedi soir...


lundi 15 février 2010

Enseigner la littérature française et francophone...

Je ne parviens pas à me rappeler si j'aimais les rentrées quand j'étais encore à l'école. Quelque chose me dit que je ne faisais pas exception à la règle, et que dans l'ensemble je détestais ça.

Sacré contraste, maintenant que je suis passée à l'ennemi :)

La rentrée a eu lieu il y à maintenant deux semaines, et je suis comblée. J'ai la tête bien occupée et l'agenda griffonné jusqu'au mois de juin par de bien sympathiques perspectives, liées notamment à la semaine de la francophonie qui aura lieu en mars.

Mais commençons tout d'abord par quelques lignes sur mes attributions du deuxième semestre; celles-ci ont en effet un peu changées, et je me retrouve professeur de littérature française et francophone pour les S2 (les grands, rappelez-vous). Exit la sociolinguistique, place aux grands courants littéraires et aux auteurs incontournables de langue française!

Comme à l’accoutumée, pas d'objectifs précis, et le semblant de syllabus que j’ai obtenu à grand peine ne m'a pas beaucoup aidé à définir ce que l’on attendait de moi pour ce cours. J'avais pourtant bon espoir d'être un minimum éclairée par ce merveilleux document (un syllabus et en quelque sorte un descriptif du cours censé permettre à l'enseignant de préparer son contenu en accord avec le programme de l'institution, autrement dit, une véritable boussole), mais mes espoirs ont été réduits à néant à la lecture de ce qui s’est avéré être un maigre feuillet de quelques lignes préconisant d'enseigner les grands courants littéraires du Moyen-âge à nos jours, des grands auteurs français et francophones, l'analyse du discours, les figures de style, les registres de langues, tout en abordant bien entendu la question de la didactique des textes littéraires en classe de langue, etc etc.


!!!


Qui est le con qui a dit que « impossible n’est pas français », que je lui fasse bouffer une copie du Syllabus ? (Google m’indique qu’il faut alors que je m’en prenne à Napoléon…).

Si j’ai appris une chose depuis que je suis stagiaire FLE en Indonésie, c’est que tout est possible en Indonésie, et qu’il faut savoir jouer des situations absurdes et en faire une force. Du coup, je me suis dit qu’en plus des préconisations du syllabus, j'aurais encore bien le temps de traiter de la méthodologie de la dissertation philosophique, de proposer une analyse sémantique du champ lexical de la féodalité dans Tristan et Iseut et aussi de la philosophie des Lumières un de ces 4 matins entre 5 et 7 heures :)

Non mais sérieusement, on attend sincèrement de moi que je traite de la littérature française et francophone en 16 cours. J'en ai déjà des nœuds dans l'estomac à l'idée des impasses révoltantes que je vais devoir faire pour faire tenir un tel programme en ce temps record ! Mais bon, j'ai déjà la chance d'avoir à charge un cours si passionnant, loin de moi l’idée de m’en plaindre (je me plains un peu quand même mais au fond de mon petit coeur d'intello de base je suis très, très contente).

J’ai, à ce jour, déjà donné 3 cours de littérature et jusqu’à présent je pense m'en être plutôt bien sortie malgré quelques tâtonnements. Il faut dire que j’ai encore tout à apprendre sur la question de la didactique de la littérature, et je me rends compte de plus en plus que sensibiliser les étudiants (utiliser ici le verbe « enseigner » me parait bien présomptueux en regard des embryons de connaissances que j'ai en la matière) aux grands écrits français et francophones implique de savoir manier la littérature (en somme, de la culture G, ce qui me semble être le plus simple à partir du moment ou l’on effectue une préparation de cours solide), mais aussi de comprendre et de transmettre les subtilités du langage propre à chaque époque historique et chaque courant littéraire (plus dur), tout en restant vigilant à garder un discours didactique et adapté aux étudiants (véritable performance).

Entre français de langue maternelle, un minimum lettrés et sensibles à la chose littéraire, il est plus ou moins aisé de se laisser aller à la passion littéraire et de décortiquer les écrits des grands auteurs. Je dirais même que pour le français moyen-pédant-et-grande-gueule (mais si ,vous voyez…celui du cliché pas si cliché!) c’est un exercice quasi quotidien plutôt agréable à mener ...(ou désagréable à subir selon l’interlocuteur, j’en conviens !).

Face à un public dont le français n’est pas la langue maternelle, la transmission des connaissances seule ne suffit plus, il faut sans cesse garder en tête le facteur linguistique et adapter son discours vis-à-vis de celui-ci, ce qui m’apparait être une grande difficulté dans le cas d’un cours de littérature. En effet, en tant qu’enseignant de français, il nous faut avant tout mener notre mission linguistique et donc travailler sur la compréhension et sur la forme (explicitation du lexique, observation et analyse des structures syntaxiques propres à certaines littératures, points de grammaire, etc.), mais comment faire ceci tout en préservant la beauté naturelle des mots d'auteurs et de leurs enchainements ? Je ne trouve pas ça évident, mais c'est un beau challenge. A l'heure qu'il est, je ne suis pas exactement sûre que mes étudiants aient bien perçus les subtilités des fables du Moyen-Age comme Le Roman de Renart ou la profondeur de l'amour impossible de Tristan et Iseult (les derniers cours ont portés sur la littérature du Moyen-Age, vous l'aurez deviné), mais je les ai vus apprécier les textes et s'y intéresser, et c'est là l'important, hein? Oui? Non? ... Rassurez moi!!! :)

Ca va, ils n'ont pas l'air trop traumatisés mes étudiants, hein?!