samedi 5 juin 2010

Séminaire international sur le thème de la perspective actionnelle en Indonésie

L'UPI a organisé le 5 juin un séminaire international sur le thème de la perspective actionnelle dans l'enseignement du FLE en Indonésie.


Les collègues m'ont proposé d'y intervenir lors de la séance plénière, et de parler de mon expérience. Ca m'a semblé être une bonne occasion de partager à propos de ce thème que je connais bien (la perspective actionnelle, qui a été le thème de mon mémoire de M1), mais aussi une occasion de partager ce moment fort pour le département de français de l'UPI avec mes collègues.

Les séminaires en Indonésie sont un vrai business. Qu'on ne s'y trompe pas, on est assez loin des séminaires et autres colloques que l'on connaît en Europe. Malheureusement, la démarche est loin d'être désintéressée et uniquement motivée par l'amour de la discipline et la volonté d'approfondir ses connaissances et le champ de la recherche... En effet, en Indonésie, le statut des fonctionnaires de l'éducation fonctionne par points, et, si j'ai bien compris, plus le nombre de points est élevé, plus le salaire est revu à la hausse. Ainsi, assister à un séminaire rapporte un certain nombre de point, et encore plus s'il s'agit d'un séminaire international.

De plus, pour une université, prendre en charge l'organisation d'un séminaire est une question d'image avant toute chose : à l'UPI, je crois ne pas me tromper en disant que le challenge était surtout de se mettre en avant vis à vis de l'Ambassade de France, mais aussi de se démarquer des autres universités (les universités en Indonésie sont privées, et nombreuses, il y à donc une grande concurrence, bien qu'à Bandung, cela ne se joue qu'entre deux universités en ce qui concerne le français).

En connaissant ces aspects, un séminaire international de didactique perd beaucoup de son "aura scientifique" à mes yeux... Surtout que comme j'avais pu le constater à Semarang, de nombreux visiteurs y assistent dans l'unique but d'obtenir la sacro-sainte attestation, qui est le sésame pour obtenir ces fameux points... Bref, je suis surement un peu trop naïve, mais je ne peux pas m'empêcher d'en être attristée et j'ai ainsi participé à ce séminaire sans réel espoir de pouvoir vraiment apporter quelque chose aux participants.

Pas question pour autant de faire une intervention creuse et sans intérêt; j'ai beaucoup travaillé sur mon intervention, et ai choisi de proposer un retour sur les notions fondamentales de ce que recouvre le terme de "perspective actionnelle", et de définir et d'illustrer la notion de "tâche". En effet, reprendre les notions dans leur ensemble me semblait plus que légitime, la perspective actionnelle étant le fruit des travaux du Conseil de l'Europe, c'est une notion essentiellement Européenne qui est encore très méconnue en Indonésie... Bien qu'elle soit omni-présente dans les Centres Culturels français et les universités via les manuels utilisés!

Bien consciente que ce qui fait sens pour un public de profs Indonésien c'est l'exemple et le concret bien plus que la théorie, j'ai profité de la présence d'Emilie, collègue de master 1 venue me rejoindre en Indonésie, pour que nous mettions en commun nos expériences de projets et d'activités par tâches vécues en classe au fil de nos missions dans différents pays.



Pour toutes les raisons que j'ai exprimées plus haut, il est difficile d'évaluer l'impact réel des informations apportées lors de ce type de séminaire... Ce que j'ai pu observer, c'est que ce séminaire a surtout apporter beaucoup aux étudiants y assistant, et aux étudiants de post-maîtrise ayant animés des ateliers. Cela constitue en effet une très bonne expérience et un challenge extrêmement motivant pour la plupart d'entre eux. Quelques uns de mes étudiants de S2 ont animés des ateliers et m'ont réellement impressionnés par la qualité de leur travail et de leurs réflexions. Quant aux étudiants de S1, impliqués dans l'organisation du séminaire, cela leur a permis de se retrouver autour d'un projet commun (ce serait d'ailleurs une super idée de projet actionnel à mettre en place en classe de français...!) et de prendre une part active à l'évènement malgré un niveau de langue moindre ne leur permettant pas de comprendre tout à fait les interventions.

Quelques enseignants et les étudiants du comité d'organisation du séminaire...

Photo de classe ;) de l'équipe enseignante de l'UPI...


jeudi 3 juin 2010

Politique et langue française... Un cocktail parfait pour une simulation détonnante en classe!

Afin de finir l'année universitaire de manière un peu originale, j'ai entrepris l'organisation d'une simulation (...ou "faire semblant accepté volontairement", devrais-je dire, d'après le CECR! :)) avec mes classes de 6ème semestre (3ème année, niveau A2 vers B1...Mais disons plutôt A2). Le thème: les élections municipales.

Contextualisation toute simple : vous vous présentez aux prochaines élections municipales de Bandung.

Consigne : vous créez un programme électoral sur plusieurs thèmes (santé, environnement, justice, économie, culture, etc.), vous concevez des outils de communication (affiche électorale) et présentez votre programme en public afin de le convaincre de voter pour vous.


Je ne m'attendais pas à ce que ça prenne très facilement, d'autant plus qu'en séance de préparation, mes questions de type "vous connaissez la politique de votre pays?", je n'avait que pour seule réponses des piaffements de rire amusés comme si je leur avais demandé s'ils croyaient aux extraterrestres.

Mais pourtant, après quelques efforts pour les pousser à approfondir le sujet (j'y tenais, à cette simulation), les étudiants se sont montrés très créatifs et très moitivés par les tâches demandées. Au delà des mes espérances, à vrai dire. Ils ont proposés des idées pertinentes (quelques unes étaient largement saugrenues bien sûr, comme cette proposition de supprimer toutes les chaînes de restauration rapide de type Mc Do par des restaurants exclusivement Soundanais... Et après on dit que les français sont chauvins...:)), sur des thèmes complexes à traiter vu leur niveau de langue (économie, lutte contre la pauvreté, l'environnement et son champ lexical spécifique, etc.).

3 séances ont été consacrées à la préparation de la simulation. La première séance était une séance de familiarisation avec le thème de la politique, le champ lexical associé et quelques notions culturelles liées à la politique française et Indonésienne. Les deux séances suivantes ont consisté en la préparation et la rédaction des programmes, travail réalisé par groupes de 5 (le candidat + les adjoints).

Quant à la simulation, elle a été organisée dans l'un des auditorium de l'UPI, avec les deux groupes réunis (environ 50 élèves). C'était un très bon moment, les étudiants se sont pris au jeu et ont pratiquement tous ajouté leur petite touche personnelle à leur argumentaire. Petit bémol cependant, j'ai vraiment manqué de temps sur cette séance, il m'aurait fallu consacrer 2 séances complètes à la simulation. S'en souvenir pour plus tard, car c'est une activité que je reproduirai dans d'autres classes dès que je le pourrais!





Moi, je vote pour eux tous!

Nouvelle formation de formateurs au CCF sur l'utilisation de la vidéo en classe

Lors de la dernière formation que j'ai effectuée au CCF, j'avais eu l'occasion d'interroger un peu les profs sur les thèmes qu'ils aimeraient aborder lors de futurs formations. J'ai pu alors constater que ce qui revenait le plus souvent, c'était le désir de se former sur la création d'activités "hors manuel", plus précisément à partir de vidéos ou de documents audio. J'ai trouvé ça intéressant, surtout que ça témoigne d'une réelle volonté de s'autoformer et de développer un savoir faire pratique transférable en classe. Ce souhait de maîtriser les outils audio et vidéo correspond également au profil des profs du CCF, qui pour la plupart sont de jeunes professeurs issus de la génération "nouvelles technologies", et qui sont donc tout à fait disposés à multiplier les supports en classe.

Comme lors de la dernière formation, j'ai préparé mon travail en amont en m'appuyant sur le puits inépuisable de Connaissances et de Savoir en la matière qu'est mon cerveau. Non, je plaisante, en fait je me suis basée essentiellement sur Internet, notamment sur le dossier Franc-Parler (encore lui! Je vais finir par me faire tatouer le logo) dédié à l'enseignement avec le cinéma en classe, puis sur l'article de Jean-Michel Ducrot sur l'utilisation de la vidéo en classe de FLE.

J'ai tenté de dompter mes démons intérieurs et ne pas trop m'étendre sur la théorie, comme j'en ai la vilaine habitude*. Aussi, pour ne pas perdre de vue la visée pratique de la formation, j'ai proposé aux stagiaires - après avoir consacré tout de même du temps à l'explication des objectifs et des apports qu'apporte la vidéo en classe - de passer en revue les types de supports que l'on pouvait utiliser, et de leur indiquer où les trouver, et comment les manipuler.

Au CCF, il suffit de regarder autour de soi pour trouver des supports: la DVDthèque du Centre est très bien fournie, et la salle des profs regorge de DVD en tous genres...courts métrages, clips musicaux, animations, etc. La plupart étant des DVD édités par le département de politique linguistique du Ministère des affaires étrangères, destinés aux apprenants étrangers de français. Sans parler d'Internet, où l'on peut trouver de tout sur les sites spécialisés (TV5 notamment) et sur des chaînes vidéos comme youtube ou dailymotion.

J'ai donc ramené tout ce que j'ai trouvé en salle de formation (oui enfin à l'exception des quelques 200 DVD de la médiathèque, par soucis logistique...), car c'est parfois les outils que l'on a sous les yeux au quotidien que l'on connait et que l'on utilise le moins.

Nous avons ensuite regardé ensemble une séquence que j'avais préparée autour d'une scène du film "Tanguy", et nous avons parcouru les pistes pédagogiques possibles à exploiter. Après cette réflexion en commun, j'ai divisé la classe en groupes et ai attribué à chacun des groupes une séquence différente du film, et leur ai fait créer une activité autour de celle-ci.

Les activités que m'ont proposées les profs m'ont toutes semblé pertinentes, on sentait une bonne maîtrise des objectifs à atteindre et des niveaux. J'ai juste relevé des cafouillages dans l'expression des consignes, qui bizarrement sont toujours énoncées de manière bien plus compliquées que ce qu'elles sont en réalité!

Histoire de ne pas laisser les stagiaires les mains vides, et dans l'éventualité où ils souhaiteraient se replonger dans la thématique de la formation, j'avais constitué un dossier de formation contenant les points théoriques et des informations pratiques. En plus de ce dossier, j'avais gravé à chaque stagiaire un CDrom contenant des supports audio et vidéo accompagnés de fiches pédagogiques que j'avais alors crée quand je travaillais au Laos.

Je suis gentille quand même :)





* Je reste tout de même persuadée qu'une bonne pratique passe par un solide apport théorique, et bien que j'ai tendance à m'étendre un peu trop dessus, ça me semble une étape essentielle dans une formation... Le mot "théorie" pour moi n'est décidément pas un gros mot!