vendredi 18 décembre 2009

Fluctuations

Voilà bien des jours que je n'ai pas écris dans ce blog; pourtant je n'ai pas manqué de m'infliger régulièrement toutes sortes de remontrances à visées culpabilisantes, me disant que "aujourd'hui, c'est décidé, je mets à jour mon blog", et puis...rien.

J'ai vécu, ces dernières semaines, comme un engourdissement intellectuel, comme si mes pensées, mes réflexions, mes expériences, se heurtaient à un mur invisible dressé à la lisière de mon cerveau. Je nomme ça ma "phase d'intériorisation"; je parle de "phase", car j'ai pu, au cours de mes différents séjours à l'étranger, remarquer certains mouvements d'humeurs cycliques liés au déménagement (physique et moral) dans un pays étranger. L'humeur taciturne, une certaine lassitude et le renfermement qui s'ensuit sont quelques caractéristiques de l'un de ces cycles qu'il me semble avoir traversé ces dernières semaines.

C'est certes, passablement désagréable, mais ce n'est pas sans intérêt. Ca donne du grain à moudre, matière à penser. Ainsi j'ai pu constater que cette phase est ma "phase 2"; elle intervient après la phase "hystérie" (la phase 1, donc) liée à l'excitation de la nouveauté que représente le pays inconnu et mystérieux dans lequel on se retrouve. Les caractéristiques de cette hystérie sont, parmi d'autres, celles-ci: une curiosité insatiable, un éveil intellectuel dopé, une énergie sans limites, un amour illimité de l'Autre et des bizarreries de ce nouvel environnement. Bref, un état de grâce, qui pourrait s'apparenter à un état lié à l'absorption d'une drogue hallucinogène quelconque (si tant est que j'aie les connaissances en la matière pour pouvoir faire une telle comparaison.). Dans cette phase, on est à la disposition de tous, prêt à passer des heures interminables à dire des banalités pour le plaisir de l'échange culturel, on savoure le riz blanc vapeur comme on savourerait des coquilles saint Jacques au beurre, on passe des heures à préparer un cours, on s'engage sur 10 projets à la fois - et on arrive à en venir à bout - tout en prenant soin de collecter un maximum de clichés et de notes à propos de cette expérience merveilleuse et transcendante que l'on vit en pensant aux milliers de choses qu'on aura à raconter à nos gens de l'autre côté de la planète. Et on écrit un blog qu'on met à jour quasiment tous les jours.

Puis vient le moment où la batterie s'épuise et où l'on se met en état de veille. La folle énergie déployée les mois précédents laisse place à un état d'abrutissement et de fatigue générale qui engourdit les pensées positives et ternit les couleurs extravagantes dont on a jusque là peint son monde environnant. On se rend compte qu'on est humain avant tout, et que sous le soleil Indonésien ou dans la grisaille du Nord de la France, quand on en a marre, on en a marre, et qu'il n'existe pas de version Indonésienne édulcorée de cet état de lassitude général. La fatigue, l'éloignement, le manque de repères et le manque de personnes-ressources provoquent des réactions à fleur de peau: on préfère se couper une main plutôt que de voir un grain de riz passer sa bouche; on se dit qu'on pourrait tout aussi bien passer un film français quelconque dans la classe et aller faire une sieste plutôt que de proposer des activités théâtrales réglées à la minutes près tant parfois les étudiants ne semblent s'enthousiasmer que pour vos bouclettes blondes si exotiques; on a envie d'étrangler les muezzin à 4 heures du matin alors qu'auparavant on en savourait les sons avec plaisir; la curiosité saine et bienveillante propre aux Indonésien envers les "Buleh" (étrangers) devient une agression de chaque instant,, au point qu'on se surprend à répondre "ta gueule!" à un enfant criant "hello Buleh!!!!!!!! What iz your nèèèèm???!!!"; on ne remarque plus les belles choses qui nous entoure, mais on s'énerve sur les petites choses qui diffèrent, etc, etc...Bref, on devient con.

Certains de mes camarades expatriés appellent ça le "blues des 3 mois", d'autres en parlent autrement; toujours est-il qu'en raison du nombre limité de pensées positives que j'ai eu ces dernieres semaines, je me suis sciemment censurée sur ce blog car il ne me semble pas digne, ni juste, de "chouiner" quand on se trouve dans ma position, qui certes peut parfois être difficile, mais qui reste toutefois privilégiée.

Anyway, pour votre plus grand bonheur (mais pour le mien d'abord, faut pas rêver), je suis entrain de gratter la dernière couche de rouille de mon cerveau et suis bien décidée à reprendre du service et à vous FLE-iser les yeux en vous parlant tout d'abord de la formation de formateurs que j'ai animée sur la pédagogie interculturelle, puis d'ici quelques jours à vous pousser à me detester avec quelques clichés de Bali, où je vais passer Noël et Nouvel An.

Joyeuses fêtes! (Moi et Reza, lors d'une petite fête de Noël organisée par Julie)

dimanche 29 novembre 2009

Week-end à Jakarta

En ce long week-end de "Idul Adha" (fête musulmane du mouton), j'ai profité du fait qu'une bonne partie des Jakartanais partent en week-end à la campagne (à Bandung notamment, Bandung dont la population se multiplie par deux les week-ends à cause de l'affluence des habitants de Jakarta venant prendre un bol d'air moins pollué sur les hauteurs) pour me casser...à Jakarta :) Jakarta est en effet une ville tellement peuplée que je ne pouvais pas rater l'occasion - la seule peut être - de visiter un peu la capitale sans subir les quelques 12 à 14 millions d'habitants. Bien joué, car je suis arrivée vendredi dans une ville quasi déserte, dont les longues avenues n'étaient traversées que des quelques bajaj et autres taxis en mal de clients.


Je suis allée rendre visite à Charline et Blaise, mes deux camarades de MAE, à Depok, ville universitaire de la banlieue de Jakarta, qui bien que traversée par une espèce d'autoroute de l'enfer est une petite bourgade assez mignonne à partir du moment ou l'on quitte les grands axes.

Petite ballade tranquille à Depok-city

Dans le train (un four à taille humaine dans lequel on trouve marchands de petites choses en tout genre et autres chanteurs et handicapés cherchant à gagner quelques roupies )

Nous avons ensuite quittés Depok pour Jakarta le samedi, pour retrouver Anne-Lise, stagiaire MAE de Jakarta et visiter le CCF de Jakarta et le quartier de "Kota", la vieille ville , très marquée par le colonialisme (le quartier, aussi nommé "Batavia", ne laisse pas de doute là dessus!):




Après une soirée passée dans un bar rock où on a pu assister à un concert de reprises métal bien poilues, j'ai profité de la matinée pour me balader un peu autour du monument "Monas" et pour aller visiter le Musée National. Pour ensuite reprendre le train et retrouver ma bonne vieille ville de Bandung, ses saucées de pluies impressionnantes et sa population revenue à la normale après un week-end, m'a-t-on dit, bondé de Jakartanais...:)






samedi 14 novembre 2009

Visite du volcan Papandayan

Interlude touristique!

Bandung est située dans la province de Java Ouest, dans les terre de l'île de Java, dans un secteur volcanique. La ville est donc entourée de volcans, dont certains sont encore très actifs, comme le volcan Papandayan, situé à environ 3 heures de Bandung. C'est un volcan d'environ 2600 mètres, dont la dernière éruption date de novembre 2002. Cette éruption a laissé derrière elle un paysage, comment dire...mort, comme vous pourrez le constater sur les photos! Malgré tout, la ballade au cœur du volcan est impressionnante, et les phénomènes naturels liés à son activité sont passionnants à observer : fumerolles, bains de bulles à 300°, cratères de souffre, forêts d'arbres calcinés, etc.













Photo de notre équipée fantastique : Séverine, Marie, Monique et Philippe, mes copains buleh (=blancs) pas boulets (fait suffisamment rare pour être souligné).

Les trois heures de route séparant Bandung du volcan ne sont pas sans intérêts; cette route, qui relie Bandung à Garut en passant par Cipanas, offre de magnifiques paysages de rizières. Ces même rizières qui m'avaient tant marquées au Laos, mais qui ont ici la spécificité d'être pour la plupart aménagées en terrasses. Magnifique!




lundi 9 novembre 2009

Séminaire fle à Semarang

Un séminaire FLE a eu lieu ce week-end à Semarang, une ville située dans la province de Java Centre; intitulé "L'enseignement de la langue et de la civilisation françaises", il a rassemblé quelques 200 participants, venus d'universités et de lycées de tout l'archipel. J'attendais avec impatience ce séminaire, car c'était pour moi l'occasion d'écouter mes collègues Indonésiens intervenir autour des problématiques du fle qui leurs sont propres, mais c'était aussi - et surtout - l'occasion de passer du temps avec mes collègues de l'UPI dans un cadre plus informel que celui de l'université. Dans les deux cas, le week-end a pleinement répondu à mes attentes, et il me sera difficile d'en raconter les milliers de petites anecdotes qui l'ont ponctué. En voici tout de même un bref récit!

Séminaire FLE à Semarang : la version studieuse ;)

Je suis obligée de couper le récit en deux car sincèrement, quand on parle de "séminaire fle", on pense que l'on va passer le week-end à se prendre le chou sur la didactique du fle en se sifflant des coupettes et en s'auto-congratulant sur la beauté de la langue française et sur son rayonnement international, mais en fait non. Du moins, ça n'est pas le cas en Indonésie, car d'une part, on ne siffle pas de coupettes ici (snif), et d'autre part, je n'ai pas décelé de prout-proutisme lors de ce séminaire. Il n'en a pas moins été studieux, car le thème de la journée ratissant large ("la langue et civilisation françaises"), a été l'objet d'interventions intéressantes (pas toutes, faut pas rêver) qui m'ont permis de comprendre un peu mieux mon nouvel environnement de travail (autrement dit, l'Indonésie et ses profs de français). (Et je vais peut-être arrêter là les parenthèses).

Je n'ai pas pu tout voir, car le séminaire était divisé en ateliers l'après-midi et je suis intervenue dans l'un d'eux. Mais bon, entre autres choses, les thèmes du multimédia, de la mise en place de projets, de la motivation, de l'influence de la langue maternelle, et de la civilisation dans les manuels de fle ont été abordés. Autant dire, plus ou moins les mêmes préoccupations qu'en Europe, j'ai l'impression. Parmi ces interventions, certaines furent obscures ("Comment pratiquer les 20 diférentes stratégies pour expliquer et faire des cartes heuristiques les nouveaux vocabulaires"), d'autres bien vues, notamment avec cette intervention bien à propos en regard de la folie furieuse qui habite les Indonésiens quant il s'agit de Facebook : "profiter de facebook dans l'enseignement de la production écrite".

J'ai, quant à moi, abordé la pédagogie interculturelle, et je crois m'en être bien sortie. Pas évident pourtant, d'introduire la notion d'interculturel en 20 minutes d'interventions, d'autant plus que j'ai essayé de passer un maximum de temps sur l'application pratique après une petite démilitation du champ théorique. Je pense que ça a été bien reçu, les personnes présentes semblaient intéressées et de nombreuse questions ont été posées. Cette intervention était d'abord motivée par une de mes propres frustrations en classe de fle: l'enseignement de la "civilisation", mot que j'abhorre pour son caractère réducteur et cataloguant et qui bien souvent en classe se résume à une addition de notions factuelles souvent basées sur des stéréotypes tous plus idiots les uns que les autres (les français sont romantiques/ils aiment boire du vin/leur système de couverture sociale est le meilleure du monde/France=Paris, etc.), et qui ne laisse aucune place aux caractéristiques propres à chaques individus. Mon message samedi était donc "nous, les français, comme tout un chacun, avons une identité dynamique!!" Ne nous mettez pas dans des cases!!". (J'aurais pu apporter des panneaux et faire un piquet de grève devant la salle de conférence mais ça n'aurait pas joué en ma faveur question stéréotype!)

En action ;)

Pour prouver que je faisais pas un karaoké dans l'image précédente

Bref, un sujet passionnant sur lequel j'ai eu grand plaisir à travailler, et qui j'espère pourra intéresser les profs Indonésiens. C'était en tout cas une belle occasion de transmettre, dans un cadre autre que celui de la classe, et j'espère aussi que ce ça occasionnera de futurs échanges.

Quelques petites photos pour illustrer! J'en profite pour présenter certaines de mes collègues de choc :)


Avec mes camarades stagiaires MAE Fina (Univ de Yogyakarta) et Anne-Lise (Univ de Jakarta)

La cérémonie d'ouverture du séminaire avec une danse traditionnelle Indonésienne

3 de mes super collègues de l'UPI : Youli, Dwi et iim

Avec Dini, encore une collègue géniale!

Séminaire FLE à Semarang : la version folie furieuse!!

Parce qu'un séminaire "à la UPI", c'est pas que le boulot, l'équipe de l'université nous avait concoté un programme digne des plus grands tour-opérateurs ! Ainsi, en malmenant un peu notre horloge biologique (sous entendu en faisant l'impasse sur 2 nuits entières sur une période de 3 jours, hmpf!) nous avons pu faire un peu de tourisme à Semarang et à Yogyakarta. J'ai pu découvrir la pratique de l'achat compulsif de "oleh oleh", petits trucs à manger -souvenir dont les Indonésiens sont très friands, visiter en express Borobudur, un temple Bouddhiste près de Yogyakarta sous une chaleur à crever (38° au bas mot, je dirais), faire une expédition Batik dans les marchés bondés de la ville, et balade en bica (vélo pousse pousse). dans les rues de la ville. Tout cela diligenté par Madame iim, ma responsable de département, qui a eu à coeur de nous faire passer un excellent week-end.

Voilà en vrac commet ça se vit un séminaire ici! C'est du sport, on peut le dire :)

Ce que je retiens surtout, ce n'est pas tellement la découverte de certains lieux comme Yogyakarta ou le temple de Borobudur - exceptionnels au demeurant - mais plutôt l'ambiance géniale qui a régné tout au long du périple. J'ai découvert l'équipe de l'UPI que je n'avais jusqu'à présent fréquenté que sporadiquement entre deux cours, et j'ai pu constater à quel point j'étais bien tombée en venant travailler avec eux.

Enfin bref, place aux photos maintenant...

Yogyakarta vue d'un "Bica"

Madame Elly déchainée sur le karaoké du bus

Borobudur...

Borobudur encore, et ses nuées de visiteurs du dimanche (ils auraient tort de se priver!)

Quelques uns de mes étudiants de S1! Sont-i pas mignons!?


Cheveux z-aux vent, sourire jusqu'aux oreilles

vendredi 30 octobre 2009

Interlude

Y'a pas, c'est plus classe que les GI Joe

Vendeur de "mie" (nouilles instantanées) près du stade

Choc des cultures, même entre les moyens de transport!

Un artisan sculpteur de poupées traditionnelles

Un spectacle sur lequel je suis tombée par hasard au détour d'une balade

...Où j'ai pu me régaler les yeux et les oreilles avec des représentations de danse traditionnelle



Le Gedung Sate, dans le cœur de Bandung

jeudi 29 octobre 2009

Les FLE de l'amour

Je discutais avec un copain il y à quelques jours, et nous en sommes arrivés à discuter hobby. Il me demande alors si j'aime jouer aux cartes. Non. Les cartes m'indiffèrent, je n'ai aucune espèce d'intérêt pour cette activité. Les échecs? Me demande-t-il alors. Non. Pas la patience. Pas même la patience de passer le cap des explications des règles. Alors de là à y jouer...Les dames? Idem. La linedance? Pffrt. La salsa? Pas moyen de me faire danser avec quelqu'un.

- "t'aimes rien en fait"?

- "Ben en fait non, je suis très chiante comme fille"

Bien sur, la conversation était bon enfant, et ma réponse bien entendu ironique (j'ai passé le cap de l'auto flagellation depuis l'adolescence déjà), mais cette brève conversation m'a fait réfléchir et je me dois de me rendre à l'évidence : non, je n'ai pas de passion.

J'en ai des milliers.

Je donne toute mon énergie à une multitude de choses, et j'ai expérimenté un nombre incalculable d'activités sans pour autant pouvoir m'impliquer entièrement dans une en particulier. Aucune de ces passions furtives (en vrac : La guitare, le piano, la musique assistée par ordinateur, la création de sites Internet, le cabaret, le roller, la langue des signes, la photo, le féminisme, la politique, l'humanitaire, la peinture, le secourisme, la régie lumière, le sport, et j'en passe) n'a pu échapper à ma tendance bulldozer à me lasser des choses.

Je suis curieuse de tout, et ma passion dans la vie est simple: ma passion, c'est la vie. Tout ce qu'on y voit, tout ce qu'on y goûte, tout ce qu'on en apprend, tout ce qu'on y partage.

Et j'ai de la chance, dans mon malheur; j'ai trouvé le FLE.

Et ces jours-ci, je bénis d'autant plus d'avoir croisé le FLE sur ma route que je suis en situation de challenge quotidien avec certaines de mes classes, notamment avec les cours de sociolinguistique et de "{([*^civi*^])}" (j'ai une haine pour ce mot, il faut absolument que j'en trouve un autre - toute suggestion sera étudiée avec grand intérêt), cours qui demandent non pas uniquement une préparation, mais une véritable autoformation accélérée et constante, et rien ne peux me faire plus plaisir. Ainsi, je me suis plongée ces derniers jours dans la sociolinguistique, domaine que je ne connaissais que très peu, et qui me ravit à mesure que j'en étudie les complexités. Le plaisir est double, car en plus de me satisfaire d'un point de vue personnel, je ressens un grand plaisir à transmettre ce que j'apprends à mes étudiants, et je suis persuadée que la passion que l'on met dans quelquechose peut influer sur la motivation et la réussite des étudiants (la passion seule ne peut suffire, il faut ajouter une bonne dose de didactique et de pédagogie pour s'en sortir, faut pas rêver!!!*)

Bref, pour en revenir à la sociolinguistique, je m'éclate à (re)passer en revue les grandes notions, en essayant d'approfondir au maximum en croisant les sources et les supports (sans accès à la littérature récente du domaine mais j'ai tout de même la chance d'avoir accès à pas mal d'ouvrages à bandung, notamment via la fac et le CCF), et avec l'aide d'une informatrice inespérée en la personne de ma propre professeur de sociolinguistique de M1 qui accepte de me "sponsoriser sociolinguistiquement" via emails. Et je dois dire que ce n'est pas de trop, car la sociolinguistique est un domaine complexe, dans lequel on a vite fait de se paumer! Diglossie, dialectes, bilinguisme...La délimitation de ces notions seules demande une véritable rigueur pour faire face aux nombreuses questions - toutes plus pertinentes les unes que les autres d'ailleurs - de mes étudiants avides d'en savoir plus et avides d'exemples concrets.

J'ai le même sentiment de plaisir à m'autoformer dans la préparation de mes cours de didactique. Bon, là, c'est un peu honteux de dire que je m'y autoforme, car c'est l'objet de ma formation en master, mais bon, il y à tout de même un bond entre être étudiant en didactique et enseigner la didactique. Punaise, ça c'est pas rien!! La préparation, je la peaufine, et je peux vous dire que je répète à voix haute devant ma glace les veilles de cours!! Mais quel bonheur en tout cas, de pouvoir parler d'un domaine qui me passionne autant depuis que j'ai commencé le FLE. Je pourrais en parler des heures, si seulement j'étais assez intelligente pour durer ce temps là haha. Enseigner la didactique en tout cas, en voilà un beau challenge; c'est très stimulant, mais c'est aussi une constante leçon d'humilité. Chaque jour je me demande qui je suis pour prétendre enseigner à des professeurs la didactique? J'ai toujours ce sentiment d'illégitimité que je n'arrive à ettouffer qu'en préparant les cours les plus soignés et les plus rigoureux.

Enfin, les cours de civi qui me demandent aussi une bonne dose d'autoformation, sur des thèmes aussi variés que passionnants dont j'avais déjà parlés dans un billet précédent.

BREF TOUT CA POUR DIRE que, malgré tout, le FLE c'est une sacré passion en soi, et que j'ai vraiment trouvé chaussette à mon pied en tombant dedans, car je crois qu'avec cette profession, j'ai de quoi combler ma curiosité pour le monde pour un bon nombre de vies :)


*Clin d'oeil gros comme une maison aux aspirants professeurs de FLE ayant le projet fou de voyager par delà le monde sans passer par la case Master FLE :)

lundi 26 octobre 2009

Visibilité réduite

Je reprends le fil du blog concernant mon travail à l’UPI, travail qui, après ces 3 premières semaines, se définit peu à peu mais me laisse tout de même sur quelques interrogations.

Depuis mon arrivée, j’ai cette sensation exaspérante de faire cours avec des œillères ; en effet, quand on m’a confié les classes de S1 et S2, on a « omis » de me les livrer avec la notice, c'est-à-dire, avec les objectifs de l’université, le déroulement ainsi que la progression souhaitée. Si je m’en tiens à l’intitulé des cours que je donne, je donne cours de « perfectionnement linguistique » et « communication orale ».

Autant dire que ce n’est pas très éclairant :)

Enfin, au moins, pour la communication orale, les deux mots m’évoquent quelque chose, et je ne pense pas me tromper en pariant sur le fait que le but recherché est de développer les aptitudes langagières que sont la production orale (PO) et la compréhension orale (CO). Mais quand j’entends « perfectionnement linguistique », là, je suis un peu déconcertée. Perfectionnement…Ok…synonyme : amélioration, progrès, avancement… Ah oui, là c’est plus clair. Améliorer les apprenants. Ok, c’est mon job, je crois que je sais faire. Mais il subsiste tout de même un petit problème ; je n’ai aucune idée des acquis des mes apprenants, je ne sais pas d’où ils viennent (leur biographie d’apprentissage, si je puis dire !), où ils en sont dans les cours de français qu'ils suivent en parallèle, ce qu’ils visent, ce que l’institution attend d’eux…Bref, j’ai bien du mal à avancer car je ne maitrise pas l’environnement dans sa globalité et ai bien du mal à trouver les informations qui pourraient m’éclairer.

D’où l’image des œillères, qui témoigne bien de ce que je peux parfois ressentir quand je prépare mes cours.

Ce manque d’éclairage sur mes missions de la part de l’institution me fait m’interroger sur la vision que l’on a de moi – je parle de ma fonction à l’université, pas de moi personnellement – et je soupçonne que derrière ce que je vois parfois comme un manque de rigueur dans les attentes pédagogiques de la part des départements qui m’accueillent, se cache l’effet gadget caractérisant le locuteur natif (le « native speaker » à propos duquel j’ironisais dans un billet précédent). Cet effet « label certifié 100% natif », qui semble se suffire à lui-même (qui, dans sa scolarité n’a pas eu d’assistant/lecteur/autre personne non-identifiée en langue étrangère qui ne savait pas lui-même ce qu’il faisait en cours à part parler dans sa langue maternelle! Perso, j’en ai eu jusqu’en Master 1 !) , mais qui personnellement, ne me suffit pas.

Il me semble que cette situation est assez redondante chez les stagiaires, stagiaires que l’on « lâche » parfois dans la jungle d’une institution étrangère sans carte (le fonctionnement de l’institution) et sans boussole (les objectifs). Cependant, loin de moi l’idée de noircir le tableau d’un séjour et d’un stage qui se passe jusqu’à présent très, très bien. J’ai pris pour parti de profiter de ce manque d’orientation pour concevoir moi-même le curriculum et les contenus de mes cours, et m’offrir ainsi la liberté de proposer aux étudiants des contenus en adéquation avec leurs besoins. Je réalise aujourd’hui que cette liberté a un prix, celui du temps incroyable que je passe à la conception de chacun de mes cours, mais le plaisir est là : pour moi, qui complète ainsi ma formation (mais a-t-on un jour fini de se former quand on est enseignant ??) et, je l’espère, pour mes étudiants, qui profitent de cours pour lesquels ils ont participé au choix des contenus et qui répondent à leurs besoins (du moins je l'espère!). Ainsi, je peux me faire plaisir en faisant cours d’histoire de la didactique avec mes S2 un jour, et faire une séance d’information et d’échanges sur la francophonie le lendemain.

C’est un peu moins évident avec les S1, qui sont d’un niveau de langue moindre et sont plus en attente sur le plan linguistique ; c’est avec eux que les œillères sont les plus handicapantes, car faire cours de PO/CO avec des étudiants dont on n’a pas encore bien identifié le niveau, sans autre indication, ni matériel ni…rien…C’est pas évident !! Je ne m’inquiète pas trop cependant, j’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur mes quelques expériences précédentes, notamment en Syrie ou j’avais une classe avec laquelle je n’avais pour objectif que de faire de la PO et pour qui j’avais créé pas mal de matériel que je peux réutiliser ici, en l’adaptant.

Une fois de plus, il ne s’agit pas de remarques négatives ici ; juste des constatations qui vont de pair avec la découverte d’une nouvelle institution, de son fonctionnement propre, éloigné de nos standards habituels, et donc des énigmes qui l’accompagnent. Comme le dit MJB dans l’article pour une ingénierie de la rencontre, « L’enseignant de langues, (nous renonçons au terme de « natif » à résonance idéologique ambiguë) est non seulement passeur (Todorov T., 2002) entre deux cultures, mais membre sur le plan professionnel d’un cadre institutionnel, or l’on sait que les contextes éducatifs sont des construits sociaux forts, presque des « condensés nationaux » qui ont été inculqués aux membres de la communauté éducative, à savoir au premier chef, les publics auxquels a à faire l’enseignant puis ses collègues. ». C’est donc en étant consciente que ces questions qui émergent en moi sont dues à la confrontation avec un autre système et à mon entrée dans une nouvelle vie professionnelle que j’avance, certes, dans un relatif brouillard, mais non sans plaisir et sérénité.

lundi 19 octobre 2009

Balade dans les alentours

Bandung by night. Photo assez représentative de la ville : une circulation dense et des "mall" (centres commerciaux) en veux-tu en-voilà!


Dans le "angkot" (le moyen de transport local, un minivan qui dépose les gens où ils veulent pour quelques roupies) qui me ramène à la maison. Fait rarissime, nous sommes alors moins de 18 dedans. J'y passe une bonne partie de mes journées!


Quelques restes de l'architecture coloniale hollandaise...


Il y à une rue à Bandung qui est assez incroyable : la rue des magasins de fringues un peu "rebelles", constituée de boutiques toutes plus extravagantes les unes que les autres.
Démonstration:

La boutique des jeans à Rambo!

La boutique des jeans à Tarzan!

Thématique océane un peu plus sobre pour cette boutique...


Quelques personnages...Une guérisseuse, qui vous concocte une potion (dont les éléments constitutifs resterons un mystère) selon vos besoins...



...Et la maréchaussée...